Jean-M. Platier
Hier
je reviendrai
à tous mes Camarades Poètes
ceux qui sont tombés
ceux encore debout
Désormais, ce qui n’a pas été prévu survient. Les riches deviendront moins riches, les pauvres, plus pauvres.
Ils se regarderont de nouveau dans les yeux.
Sens du regret
Mais finissons-en avec ce film néo-réaliste. Nous avons abjuré ce qu’il représente. Et refaire
l’expérience ne vaut la peine que si on lutte pour un monde véritablement communiste.
La récession
in La nouvelle jeunesse
Poèmes frioulans 1941 – 1974
Pier Paolo Pasolini
Déclaration
Trop ont vécu
Comme nous vivons
Pour que nos vies aient un sens
Trop sont morts
Comme nous mourrons
Pour que leur mort ait un sens
in La mort c’est pour les poires
Dashiell Hammett
I
Réveille les enfants,
pour leur dire
qu’elles sont vivantes
Sujet
Quelle vie nouvelle
clamer
au-delà du pouvoir des mots
de leur signification étroite
pour enfin dire
la vérité à ceux qui furent des enfants
que dire sinon que les ronces protégeaient la forêt des intrusions étranges que leurs fruits mûrs et noirs de l’automne faiblissant s’offraient à la déchirure des doigts marquant de leur sang violet la surface des chairs pour faire ainsi ressortir de vastes empreintes digitales progrès dans l’attente des confitures hivernales une épitaphe le souvenir du regard planqué dans les pierres du mur assemblées le regard triangulaire d’une morsure possible tout se joue dans cet espace infime d’un instant affublé d’une frontière entre le possible et le non possible entre la vie et le mouvement de l’incertain qui peut briser l’histoire d’un seul coup établissant selon la manière du destin cette frontière lente et longue entre l’avant et l’après
après l’enfance on porte des masques indus attribués selon le hasard des rencontres
un poids vide hante les poches
d’où un métier sort comme de nulle part
les rêves éveillés demeurent les plus visibles
mais éteints ils perdent l’intensité de leur révolte
Jaillir comme un prêtre de l’usine
Crier tel un tigre que nulle force ne pourrait arrêter
Vivre éveillé pour ressentir la chaleur vibrer
Et se nourrir de toutes ces vies accumulées
Prononcer la phrase qui ruine l’écho
Et taire les paroles libératrices