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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 19:50

 

des fois

 

des fois on en a fini de tout

et il suffit d’un rien

pour que naisse une immense lassitude

et on se sent tout petit

tout froid et vidé

on voudrait être protégé

être riche

on voudrait être sûr

de cette étrange naïveté

qui touche un peu au cœur

 

des fois on voudrait ne plus être rien du tout

qu’un regard fixé sur la nuit

vers le plafond où quelques ombres tremblent

encore

loin de son corps loin de sa vie

juste un petit spectateur narquois

aux yeux rieurs et fragiles

 

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 18:27

 

tôt mes livres furent de tous les voyages

ils m’ont accompagné les jours de pluie

les mauvais jours loin des théâtres brumeux

ils étaient muets et immuables

devant ma façon de lire

page par page

peu à peu

dans cette lute contre le temps

et la rage de tout lire

 

je suis si pressé de vivre

 

 

 

 

 


 

 

 

J’ai souvent pensé que le mystère des poètes relevait d’une intrigue : à savoir s’évertuer d’expliquer, sans cesse et toujours, quelles peuvent être leurs raisons de vivre, comme pour se justifier, en quelque sort, d’une profonde méprise !

 

 

 

 

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 10:46

 

petit enfant j’aimais un mur

planté en terre depuis des siècles

bien droit

avec ses pierres

des galets gros comme les poings

apparents et luisants après chaque averse

les ronces l’eau le gel l’attaquaient

au cœur de ses fondements

le soleil l’a ridé de mille éclats

 

je suis ce mur auquel rien ne s’apparente

 

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 21:07

Plusieurs vies

 en une vie

 

 


 

 

 

Anthologie poétique personnelle

 

1986 - 2010

 

 

 

  

Tout a commencé en une journée de novembre 1986, à la cité universitaire de Citeaux, où j’habitais depuis quelques mois, après notre arrivée à Paris.

La ville portait tous mes espoirs mais je ne savais pas que la France était déjà un pays fini, comme on parle d’une terre finie… J’avais fui la province, ma ville où j’avais passé dix-huit ans où il ne s’y passait rien. Puis j’étais parti à Lyon, la grande ville qui s’était rétrécie au fur et à mesure des années d’études et d’errances rêveuses. Je regrette tant depuis de n’avoir quitté ce pays, ce vieux continent qui n’a plus de projet, plus d’idée, si froid et terne, qui n’apporte rien à ceux qui voudraient sortir des marges, soit par leur travail, soit par leur talent. Je n’ai pas eu le courage d’émigrer, ou tout simplement partir vers d’autres contrées, d’autres continents. Car je portais l’espoir naïf qu’on pouvait changer la France, ses élites, cette société qui s’est corrompue dans sa médiocrité médiatique et consumériste.

Dans mon panthéon personnel, cette journée de 1986 s’est inscrite au plus fort de ma mémoire, tout comme des dates qui ont surgi comme par magie par la suite… mariages, naissances, anniversaires d’évènements importants ou jugés comme tels, amitiés sincères. Le temps a marqué son œuvre, la mémoire s’est altérée, les paroles puis les écrits se sont accumulés par strates successives, avalant le cours du fleuve qui nous submerge peu à peu, lentement, sûrement.

Et la date du jour J s’est évanouie, également, et le jour de ma renaissance fut oublié, point d’ancrage laissé hors de la vue, hors champ. Reste présent le mois d’un début d’hiver froid, où le besoin se fit ressentir de s’attabler et de prendre une feuille blanche, non quadrillée, puis de tenter de donner forme à une pensée différente, un mode d’expression artistique, l’essence même de ma vie nouvelle programmée.

De cette aventure sont nés des centaines de poèmes, des manuscrits qui ont vu le jour pour quelques uns d’entre eux, des parutions éphémères qui, si elles ont donné un immense plaisir pour les premières fois, ont laissé depuis le goût du malaise qui fait que l’on n’est jamais totalement satisfait de ce qui est créé, de ce qui est soudain donné aux lecteurs, étranges étrangers qui pénètrent dans un champ et se saisissent pourtant de l’essentiel.

Les années sont passées à la vitesse de la lumière ; le temps fut cependant un véritable allié, m’étant donné entièrement à cette quête qu’on pourrait définir comme artistique, sans pouvoir complètement se définir comme un état à part entière. Si je n’ai pas eu le courage de m’élancer dans cette voie, le danger de l’incertain ne constituait pas les bases de mon caractère. Je ne pouvais, on ne m’avait jamais donné les outils, pour devenir moi-même complètement libre. Rien que cette pensée frôlait la limite du supportable.

Après avoir écrit, édité, fais éditer d’autres auteurs, après avoir eu à mon actif près d’une centaine de parutions, que moi-même j’ai cinq livres à mon tableau de chasse, une quinzaine de parutions en livres individuels ou collectifs au total, sans compter les textes parus en revue de poésie, je me suis dit que mon travail n’avait pas été reflété dans sa gamme de diversité, ne pouvait donner la dynamique ni la cohérence d’une pensée dans l’action d’écrire, dans le fait de se considérer en tant que poète durant plus d’un quart de siècle. Manquait donc, cruellement si l’on puit dire, un ouvrage recensant mes « meilleurs » textes, notion bien cartésienne et tout à fait subjective, ou du moins rassemblant l’échantillon d’un travail fondé sur la volonté de se répéter le moins souvent, d’intervenir dans la forme à chaque fois que cela était possible pour se différencier, donnant une cohérence au fil des années et établissant une quête spécifique du fait de la manifestation du besoin de se renouveler sans cesse, pour ne pas me lasser déjà à mon humble niveau, ne pas tomber dans l’erreur de se répéter inlassablement.

En recherchant le lien chronologique d’une sélection des textes que je préfère et qui m’ont été recommandés comme illustrant au mieux ces années, chose qui me fut répétée notamment par Paul Desalmand et son ami éditeur Pessin, je me suis résolu à dresser cette anthologie qui peut donner un rapide aperçu de ce travail d’écriture.

Les années, l’expérience, les lectures, les découvertes ont construit mon écriture dont je ne me suis guère éloigné au fil des ans, ce qui constitue aujourd’hui les fondations de mon univers.

Je me suis donc élevé au fur et à mesure des découvertes et d’une quête à partir de l’œuvre d’un nombre limité d’auteurs qui restent pour moi emblématiques de ma génération, du 20ème  siècle et qui marqueront le futur dans lequel nous sommes engagés : Vladimir Maïakovski, l’écrivain poète soviétique, Louis Aragon à l’œuvre démesurée et l’essayiste Pier Paolo Pasolini ; ces trois auteurs ont traduit par leur pensée, leur action, leurs œuvres artistiques la vie culturelle et politique de l’Europe. Durant de longues heures, j’ai tenté d’intégrer leur parcourt, leur visée objective au travers des poèmes, des romans, des pièces de théâtre… C’est en se jetant dans les principaux écrits de nos temps maudits que l’on peut aussi avancer un peu, que l’on peut théoriser la société dans laquelle on est précipité souvent malgré nous.

Thierry Renard m’a aussi suggéré de réunir ces poèmes, ces extraits de manuscrits qui ont le mérite d’exister. Regroupés ici, ils sont la preuve à mes yeux que j’ai eu le bonheur d’avoir vécu plusieurs vies en une seule vie.


 

 

 

Le poids des silences

éd. Bérénice 1995.

 

 

 

Ce premier ouvrage fut salué à deux reprises par André Parinaud sur France Inter, aux mois de juillet et d’octobre 1995, lors de son émission poétique quotidienne de quelques minutes qui précédaient le journal de 18 heures.

 

 

mes mots sont gravés dans mon sang

ceux que je n’ai pas su

prononcer

les mots étaient absents

ils étaient loin

hors de moi

 

mes mots sont gravés dans mon cœur

mes paroles étaient dans mes yeux

ma chair voyait la chair des autres

ils cherchaient les lèvres inaccessibles

les frôlements de tendresse

lointaine

il aurait fallu les lire

 

je ne me suis jamais aimé

 

 

 

 

 

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 21:09

Hardes 2005

 

 

à Serge Guichard

 

 

Les hommes noirs crucifiés

sur les barbelés du désert

pleurent avec nos yeux

Les hommes noirs ont traversé à pied le désert

ils sont nés pour espérer

mais ils ne peuvent plus rentrer chez eux

de peur de mourir de honte

sous le regard noir de leur père et de leur mère

Les hommes noirs vivent dans la forêt depuis deux ou trois ans

des vacances contraintes et forcées

à se nourrir d’écorces et du jus des cailloux

brûlés le jour gelés la nuit

à sourire aux étoiles et à leur chance européenne

Les hommes noirs viennent de l’Est et de l’Ouest

et surtout du Sud

Congo et Rwanda n’ont plus de frontières

le sable balaye chaque jour les traces de leurs millions de pas

Les hommes noirs par centaines ont franchi les fossés

et sont montés en silence à l’assaut des fils de fer barbelés

blessés frappés à mort électrocutés fusillés

Les hommes noirs qui ne sont jamais comptés

pleurent leurs plaies rouges au sang rouge

et leurs larmes sont les mêmes que celles des enfants

Gardes frontière maures et banderas

rejouent l’histoire de leurs batailles passées

rotent et pètent l’arme au pied

Ils posent souriant devant les caméras de télévision

 

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