Démembré
Comme une aile coupée
D’un aigle roi
Orphelin du ciel
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Le journal poétique de Jean-M. Platier
Démembré
Comme une aile coupée
D’un aigle roi
Orphelin du ciel
sous l’ombre des nuages
une pie traverse le ciel
une pie voleuse et sauvage
noire et blanche
sortie d’un étrange sommeil
dans un air de suspicion
une pie attirée par l’or
du soleil qui brille
la pie vole
d’un œuf
sur un bœuf
ce qu’elle peut prendre
chaque mot
détient son langage
comme chaque nuage
décrit son chemin
sur la ligne du vent
riche d’un poème
d’une chanson
et vous
de quoi
donc
pouvez-vous
bien
rétrocéder
ainsi meurent
les rumeurs
des étoiles
renversées
de leur socle
ancré dans le réel
ainsi disparaît
la folie douce
du beau
et du vrai
dans la tragédie
du tous
contre tous
on a
appris
à
désapprendre
le langage des dieux
pour se sauver
il suffit de suivre
le sentier balisé
de murs de pierres
construits par les Romains
parcourir la vallée
fuir le château
les pillards et les sans-croix
jusqu’à la première pente
de la montagne
qui sépare la forêt de la rivière
il faut suivre alors
la poule noire
qui traverse ses flancs
les buissons et les rochers
qui traverse les flancs de la montagne
pour éviter de grimper
par la magie du temps qui passe
sans se presser
un temps qui ne passe plus
avec ses secrets enfouis
des mystères jamais traduits
de l’homme qui a inventé
l’homme-loup
l’homme-ours révélé
et le monde se concentre
dans la paume
d’une seule main
reliant les siècles aux siècles
la nature à la puissance
la force à la volonté
pour remonter le cours du temps
recréer le lien
entre la source du feu
et l’harmonie universelle
avant le grand chaos
de la guerre fratricide
de l’homme contre lui-même
né du fruit de l’infamie
des amours de l’arbre et d’une pierre
alimenté du ruisseau de la pluie
d’eaux vives
et nourri de mousses odoriférantes
au lieu-dit
sans nom
ou perdu sinon oublié
dans les racines des ronces
et les fuites des sangliers
le lierre serpentine
entre les ombres du printemps
figé dans le givre inquisiteur
d’une langueur attendue
les pieds fouettant l’air
aucun cri ne peut jaillir
quand les yeux sont
par de jeunes corbeaux
dévorés
de victoires en défaites
sœurs jumelles du blues
passe et manque
gagne rarement à la fête
on apprend à relever
la tête hors champs qui ne bouge
sans se retourner
sur le passé
le présent est une pièce du jeu
subie précieuse
ou audacieuse
mais les victoires sont souvent
pires que les défaites
car après on sait ce que l’on a gagné
aussi sûr que ce qu’on l’on va perdre
or vous
mes amis aux ailes
de cire
vous brûliez de malentendus
espériez la fronde
des jours sans prix
et voliez par d’autres talents ailés
ô mes amis
qui étiez des Icare sans rire
qu’êtes-vous devenus
êtes-vous tombés
ou bien le vent vous a-t-il emporté