Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 19:00

- 31 -

 

 

 

On est sur le gravier

Se plaignait Brice en riant

La grimace hilarante

Divisant son visage en deux farces

Digne de la Commedia dell’arte

Il fait soif

Avec nos verres à moitié vide

Le vin blanc est excellent

Avec de la crème de cassis

Dans la pure tradition

Ou de la mûre la pêche ou la violette

C’est pour les bobos parigots

Le vin blanc réveillerait un mort

Et par trente-cinq degrés

Il faut boire pour ne pas se déshydrater

C’est ce qu’on dit à la télé

Et si la télé le répète matin midi et soir

Nous on boit pour boire

C’est ma tournée nous dit le gros Roger

On boit pour rire

On boit parfois pour pleurer

Sur le commissaire Montalbano

Mais faut pas trop le dire

C’est un secret d’hommes

Des durs des vrais

Et c’est pour cela qu’on remet son coup

Parce qu’on a soif

Et l’apéro c’est sacré

En Bourgogne ou ailleurs

Et puis c’est pas les stocks

Qui vont venir à manquer

On aura bien le temps de boire les excédents

De la production de l’été dernier

On est sur le gravier

Se plaignait Brice en riant

La grimace hilarante

Divisant son visage en deux farces

Digne de la Commedia dell’arte

Il fait soif sur le monde

Et le vin blanc est excellent

Il fait venir les chansons

Et les plus beaux poèmes se réveillent

Il rend aussi amoureux

Bien que il faut le remarquer

Après quatre cinq ou six kirs

Ca devient difficile de lever

Malgré la meilleure volonté

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 17:55

- 30 -

 

 

 

Les vers grouillent

Les asticots blancs et teintés fouillent

La sciure de leur bonheur

Il faut peu de choses

Pour atteindre ma plénitude sur terre

Du silence

Un endroit plat et sec pour mes souliers

Du fil des plombs

Et une canne à pêche

Pour rester des heures à fixer la plume

Sur l’eau quelque soit le temps

La chaleur

Et je rêve à des pêches sublimes

Démontrant ma force

Mon savoir-faire

Mes astuces pour attraper

Des petits malins

Qui me narguent à un mètre du bord

Et je prends des goujons des ablettes

Des carpillons des gardons

Des truites et un brochet

Des perches savantes des tanches

Un inventaire à la Prévert

De toutes les espèces de poissons

D’eau douce

Des perches soleil des vairons

Des ombles chevalier

Des anguilles et des brèmes

Ah les brèmes

Tout un chapitre pourrait être écrit

Sur cette pêche

Car pour mordre à l’hameçon

Faut pas tomber de la dernière pluie

Il faut brouiller les pistes

Innocent comme passager du vent

Mais surtout il faut avoir le temps

Respirer

Boire un coup de rosé

Fumer en passant son paquet de clopes

Et sourire au vent

En ne songeant ni à plus tard

Ni à demain

Avec un copain

Qui prépare le feu de camp

Pour griller les poissons

Et faire rougir la braise pour les patates

En croyant d’être enfin libre

Partager cet article
Repost0
2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 21:34

- 29 -

 

 

 

Mieux eût-il fallu le plus bel enterrement

Que la moindre soirée grise

Un moment perdu dans la lignée

De décennies décevantes

Sur tous points

Attendre toujours le moindre rêve

Qui ne vient jamais

Ne serait-ce qu’une brève lumière

L’attente d’avenirs projetés

Dans une ou deux décades

Additionner les jours

Massacrer les heures

Qui déforment la simple réalité

Toutes ces minutes indolentes

Qui se pressent

Savantes et mesquines

Qui butinent la patience

Et finissent par détruire

Y compris le parfait amour

Les joies imaginées

Les petites pensées

Les grandes peines

Que de temps perdu

En conclusion

Alors qu’il faudra bien abandonner le passé

Dès à présent

Et travailler pour survivre

Travailler jour et nuit

Puisqu’on a changé de régime

Du fait qu’on nous a menti depuis si longtemps

Car nous aimions les histoires pour enfants

Des historiettes des contes à dormir debout

Des mythes dont nul n’est sorti grandi

Dans la faillite des idéaux de la République

Dans le jeu de massacre

Des idées des valeurs et des luttes

Sans maître à bord

Nous faisant prendre des vessies pour des lanternes

Dans le mensonge improvisé de l’action

Nous vivons des temps d’extrême confusion

Du règne du laid sur le beau

Des crises larmoyantes de l’actualité

Sur le profond et le sens

Et quand la gauche se défait de ses habits

Pour habiller les nouveaux fascismes verts

Des oppressions qu’on veut nous faire prendre pour liberté

On a perdu la tête ainsi que la logique de Que faire

Partager cet article
Repost0
1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 18:20

- 28 -

 

 

 

J’ai terminé la valise

Fait le sublime inventaire

Le testament posté avant la levée

J’ai plié les factures

Et déplié le plan

Compté la monnaie

Pris deux paires de chaussures

Et des lunettes de soleil

La veste en cuir à cheval sur le sac à dos

J’emporte deux ou trois Pléiades

Pas plus car le papier est lourd

J’hésite encore entre les essais et les poètes

Les romans sont laissés par terre

D’ailleurs il n’y a aucun Français

C’est normal comme dit l’autre

J’ai déposé la montre

Ses aiguilles tourneront seules

Abandonné le réveil

Le superflu s’accumule

Et ne signifie pas grand-chose

Au final

Les billets sont répartis par groupe de vingt

En petites coupures

A faire durer tout le chemin

Le plus longtemps possible

J’ai terminé la valise

Vaincu le sommeil

Prêt pour la route

Sa solitude

Sa lumière

Sa lenteur

Je passerai à travers champs

Fuyant les villes et villages

Je suivrai les ruisseaux et les rivières

Je compterai leurs pierres

Et les feuilles des arbres

Je glisserai sur les jambes des herbes

Ne laissant aucune trace

Me nourrissant sur place

De l’air et des baies sauvages

Des champignons et des mûres

Je prendrai ce qui tombera à mes pieds

Mais je vous jure

Sur ma tête

Que je meure sur place

Si je ne suis fidèle à ce serment

De ne jamais tomber dans le piège du cœur d’une femme

Partager cet article
Repost0
30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 18:52

- 27 -

 

 

 

Il aurait fallu partir

Tout quitter sans espoir de retour

Sans crainte du lendemain

Des angoisses des peurs

Des cadavres des années gâchées

Abandonnées sur le bord de la route

Il aurait fallu

Avoir le courage de n’écouter personne

Surtout pas son cœur

De n’avoir aucun scrupule

Puisque les autres ne pensent qu’à eux-mêmes

Et partir très loin

Faire le tour de la terre à pied

En bateau

Le plus lentement possible

Pour être certain de ne rien manquer

Un coucher de soleil une tempête

Pour réveille matin

Pour manger quand on a faim

Lire Kafka trois jours de suite

Puis dormir tout son soul

Ivre de liberté

Jusqu’au prochain café

Qui taille le ventre bouscule le souffle

Parler avec ses mains

Rire avec sa bouche

Et partager toutes les coutumes les plus étranges

Ne jamais parler pour ne rien dire

Et le lendemain chanter aux nuages ou au premier lapin

Faire un cours d’histoire aux chats et aux chiens

Dire de mémoire un poème

Et chanter Edith Piaf

Comme mon grand-père jouait Milord

Avec le ton et les gestes

Quand je suis allé la première fois

Au restaurant à onze ans

Quand j’étais encore vivant

Porté par mes rêves de combats et de guerres

Par la volonté de faire vibrer le monde

J’étais libre et prisonnier de la famille

Et plus tard libéré

J’ai recommencé la lâche méprise

Me rivant aux tâches ménagères un peu féminines

Mais il est de bon ton de partager le lit et la pitance

Et chaque soir je me retourne pour cacher le malaise

D’une infinie détresse

Pour essayer de reconstruire le tableau triste du lendemain

Partager cet article
Repost0
29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 21:21

- 26 -

 

 

 

Je suis le poète Barnabé

Le poète aux longs bras

Au gros nez tout rouge

Qui balance ses mains dans le vide

Sur le pont de Pierre

Qui veille sur la rivière

Je suis le grand poète aux yeux noirs

Qui ne voient rien

Avec le même sourire un peu niais

Un peu triste

Avec la pose qui se cherche

Les connivences des absentes

Je déambule tous les matins

En quête de la rosée

Cueillant les fruits des buis

Les charpentes des chemins les pierres de profil

Elles finissent par ressembler aux voisins

Qui lâchent de gros rires en me voyant

C’est qu’ils disent Regardez c’est le gros Barnabé

Et ils rient c’est bien leur droit

De s’amuser de vanner les gens drôles

Même si je ne comprends pas souvent

Ce qui les fait rigoler

Il n’y a pas de honte

Je suis le poète Barnabé

Ils l’ont dit dans le journal

En pages régionales et même à la télé

Je figurais dans le programme

La boulangère le boucher me regardent de près

Remarque qu’ils ne m’avaient jamais vu avant

Pendant trente années c’est bizarre

Mais je m’étais fait à l’idée

Le journal est passé les photos ont jauni

Et le papier craquelle de tous côtés

J’espère qu’ils ne vont pas m’oublier

Le gros poète Barnabé

Mais je m’en moque

Je rentre tous les après-midi dans la forêt cueillir

Les mots sur les branches

Ils sèchent comme jamais durant l’été

Alors j’attends comme on me l’a dit

Va voir si tes mots sèchent sur les sapins

M’a dit l’adjoint au maire ump

Eh bien j’y suis allé en courant sous l’orage

Et sous les branches de là-haut j’ai vu toute la ville

Se noyer sous le déluge de boue de grêle

Et je me suis dit Barnabé le poète il est sauvé

Partager cet article
Repost0
28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 19:26

- 24 -

 

 

 

Mon ami poète de quatorze ans affirme

Haut et fort d’avoir aimé aimer

Toutes les filles de son immeuble et de sa rue

Les filles de son école et des JC

Les femmes en devenir ses maîtresses

Ses amantes les tristes les gaies les révoltées

Il a aimé aimer

Pour le sens de la relation

Par principe

Car on cherche toujours ce que l’on n’a pas eu

 

J’ai aussi aimé aimer les copines du collège

Puis du lycée mais elles n’en ont rien su

C’était difficile de briser le mur du silence

Et je ne savais pas quoi leur dire

Il m’a fallu attendre et observer longtemps

Car je suis un garçon plutôt lent

J’ai aimé les étudiantes et ai savouré les approches

Mais les stratégies en tragédies sont lassantes à la longue

 

J’ai aimé aimer les nuits douces et froides

Les filles calmes et violentes

Les petites et les grandes

Les brunes les blondes et les indécises

Toutes m’ont trouvé inconstant imprécis

Bizarre tumultueux

Beaucoup m’ont laissé comme on abandonne un chien

La plus belle m’a dit un jour confus

 

J’ai aimé aimer leurs yeux leurs fesses leurs seins

J’ai aimé les regarder dormir

Leur faire à manger les soutenir

J’aurais aimé qu’elles m’aiment un peu

Oh pas souvent pas tous les jours

Mais un peu de tendresse d’affection et puis d’amour

J’en demandais trop certainement

Que je n’ai pas reçu

 

Ou bien alors ce qu’elles cherchaient ne se trouvait pas

En ces lieux qui constituent mon mystère

Mon château mes caves mon grenier de mémoire

Mes joies mes ambitions mortes

Il y a bien longtemps

Mes rêves mon poème

Mes enfants nés ou à naître

Des filles uniquement pour l’instant

Elles ont dû avoir peur de ce programme trop conforme au top chiant

Partager cet article
Repost0
24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 21:31

- 23 -

 

 

 

Le torrent balaie devant sa porte

Rien ne lui résiste

Il emporte dans un accès

De fureur tout

Vraiment tout

Et ne laisse rien au hasard

 

Il façonne le paysage

Transforme les reliefs

S’agite quand il le faut

Et menace l’ordre des choses

A tout moment

Naturellement

 

Tout homme est un torrent

Quand il le veut

Prêt pour survivre

Avec la volonté

D’arracher la moindre parcelle

De ses doigts

 

Chaque homme est un lion

Ignorant la peur

L’angoisse du combat

Ou les rigueurs de l’hiver

 

Devant les incertitudes du moment

Accompagné de sa seule fortune

Complaisante compagne

Qui fait semblant d’aimer

 

Je verse ce torrent sur ma solitude universelle

Cette nécessité de tout dire

Franchissant la barrière des mots

Leur carnaval corrompu

 

Notre dialecte valait autant de rires

Et d’inclinaisons à l’image

Qui prêtait à sourire

Qui peut en dire autant aujourd’hui

 

Avant de rompre le chemin

Qui mène du silence premier

A l’absolu éternel

Je marche à pieds dans le lit

De l’espérance

Que tout peut recommencer

Partager cet article
Repost0
23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 18:30

- 22 -

 

 

 

Et à chaque nouveau jour

Je passerai le cap

Comme une fâcheuse habitude

L’air volontaire

Et un peu bête

Larguant les amarres

Quittant la vigie

Je suis prêt pour la guerre

Qui ne vient pas

C’est pourtant une histoire bien connue

Qui bouleverse

Toutes les femmes heureuses

Les fait pleurer

On me dit

Il y a du whisky

Et à manger

Des patates

Et des pâtes italiennes

Aux champignons et au fromage

Je veux tout manger

Vous bouffer toutes crues

Mais il me faut de l’argent

Pour prendre tout

Je passe le cap

Et repousse les limites

Prenant à cœur

Perdant la raison

C’est l’espoir qui me guide

L’envie de tout redécouvrir

Et d’emporter avec moi

Tous les livres et les films

Qui vont bientôt disparaître

Qui s’éparpilleront à la surface

De la mer

Je passe

Oui je passe

A l’extrême limite

Me précipite dans l’arène

A cheval sur les principes

Bousculant l’ordre du temps

Les conditions

Et chaque jour nouveau

Voit ma faillite

L’agonie du vide

L’eau qui fusionne dans les canaux

Avant le dernier barrage libre

De traverser à contre courant 

Partager cet article
Repost0
22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 19:51

- 21 -

 

 

 

Avec ce corps engourdi

Des fourmis plein les jambes et les poignets endoloris

La bouche sèche

Les yeux fermés

Le nez aspirera les odeurs du sel

Toutes les phases de la déroute de la nuit

Chaque bruit de la forêt ou de l’autoroute

Annoncera de plus grandes catastrophes encore

Et quelques problèmes

Le cœur de la voiture ne vibre plus

Elle paraît aussi morte

Le jour renaît avec l’orage et des éclairs magnifiques

De rares oiseaux se battent contre le vent

Se parlent puis partent se protéger loin

Un camion actionne son klaxon

Un autre lui répond dans sa langue

La montagne semble jaillir soudain

Et je vais pisser contre un tronc d’arbre tranché à vif

Comme j’aimerais enterrer mes souvenirs

Et fuir tout le temps

Surtout prendre mon temps à chaque instant

A chaque rencontre pour écouter le théâtre des kilomètres de la vie

En prendre et rejeter

Pour me bâtir une idée

De l’effet de la houle ou des avalanches

Sur des corps dénudés

A l’approche de l’été

Et de l’avenir construit sans l’espoir du lendemain

J’affiche un air las et triste

Mais je ris du tour de cochon que je me joue

Sans bagages ni couronne

Sans aucun moyen de me relier aux hommes

Qui me chercheront un temps

Et m’oublieront tout aussi vite

Dans la saga des soucis des impôts

Et des pointages du monde des affaires

Ils oublieront la vie

Les nuits et les jours se compteront

Jusqu’à la dernière miette

Au point d’en devenir fou

De haine de hargne

Prêt pour les recommencements des massacres

Pour n’importe quel motif

Mais je serai loin

Le plus moins possible

Et je tairai mon nom

En brûlant tous mes papiers au coeur du Rwanda

Partager cet article
Repost0

Qui Je Suis.

  • : Le blog de jean-m.platier.over-blog.com
  • : Ce blog est un lieu de partage, de découvertes. Chaque jour, un poème pour la nuit sera donné à la lecture, à la réflexion. Un espace Manuscrits publiés et non publiés sera mis en ligne. Une place importante sera donnée à la réflexion théorique poétique.
  • Contact

Recherche

Archives

Pages