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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 18:07

 

Une fin expressive

 

 

Les indices inondent

d’innocentes paraboles

synchronisées

en exponentielles démesures

courbes arcs

divine surprise

expérience de la chute des pommes

symbole mathématique complexe

avant tout

système parcellisé

linéarité tendancielle du taux de profit

principe de base d’une curieuse époque

où le beau fait le laid

le laid fait le beau

dans une ménagerie d’opérette

un carrousel de bonheurs

bande de limandes

goinfrées de barbituriques

scolopendres névrotiques

la musique fait marcher sur les pieds

et le refrain est toujours triste

hop là un deux trois hop là

c’est l’hymne du pas de l’oie

fourrée au foie gras

quand le salaire minimum est au plus bas

un deux trois

la fin du mois commence le trois

c’est trois fois trop pour le dire

c’est toujours trop pour le vivre

 

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31 août 2010 2 31 /08 /août /2010 18:00

 

Tableau réaliste

 

 

Fondu dans le réel au sombre

les mémoires à leur équinoxe

ombres portées des souvenirs

sauvegardés par leur nombre

 

Figés au sol d’un solstice léger

des annales secrètes et noires

balbutient fuyant le jour et

cachent les mystères du chiffre d’or

 

Nulle fantaisie ici à déclamer

aucune distance dans la recherche

les jours comme les nuits avancent

à pas de loup à pas de chat désolé

 

 

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 18:21

 

Achetée

ma bécane à une étudiante voisine pour 25 francs elle datait mais fonctionnait à merveille le ruban était neuf pas une touche manquante elle m’appartenait et c’était une de mes rares richesses mis à part les livres qui m’accompagnaient depuis quatre années à Lyon puis à Paris je savais que je pourrai les emmener un jour à New York Tokyo ou Moscou si j’avais le courage à pied ma valise et mon carton d’objets qui remontaient à l’enfance et me tenaient à cœur me retenaient de grandir mais j’avais si peur que je ne savais pas encore que la peur joue contre d’abord soi-même la peur de vivre la peur de choisir la peur d’écrire la réalité inconsciente de cette vie qui mène et guide à la fois et remplit l’absence construit le seul édifice qui compte finalement

sa musique de pluie scandait mes soirées noircir des pages A4 de cours vers hermétiques des chemins de traverse qui me dirigeaient vers l’espace plus large du roman ou du théâtre en marge  j’élaguais ma censure déjà et je prenais le risque de me plaire dans ces territoires si vastes et si fermés en sachant qu’une vie n’y suffirait pas car je n’avais pas pris le goût du risque de tendre l’oreille ou la main je me méfiais des artifices et des sons de cloche nauséabonds les compromis ne sont pas tendres à la fin les pages s’accumulaient et je relisais les mots qui dérangeaient les miens les protégeant de leur fine couche de peau naturelle je ne parlais pas la même langue que mes contemporains et je passais invisible à l’ombre de la ville qui lentement a perdu son âme de joie son âme révoltée ses couleurs et ses odeurs d’insomnie

ne pas savoir l’éclat sinistre de la réalité garder la vie de rêves et la force d’une gloire future réduite à l’amitié et la famille se renvoie la balle dans des silences interrogateurs les touches frappaient et bourdonnaient dans l’air de l’automne les doigts fatigués et les ongles rapiécés parlaient alors le même langage lancé dans ce marathon inspiré par d’autres dont la vie nourrissait chacune de mes pensées je puisais l’avenir à pleines mains pour vingt ou trente années cela je le savais déjà et ne le formulais guère on ne croit que rarement les décidés qui effraient de par leur réalité sont par nature suspects de leur désintéressement ou appartiennent au monde des fous qui continuent de croire en l’homme malgré Dachau

 

 

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 18:02

 

Le pays de la poésie

 

 

La France est le pays qui inventa la poésie

pis-aller des femmes dont les maris partirent à la guerre

eux loin dans leur tranquillité guerrière

elles dont l’ennui des donjons puisait une source futile

 

La France a inventé la poésie pour transformer la langue

la réunir en une seule palpable par delà les provinces

pour réunir aussi l’imaginaire de peuples aux couleurs du ciel

car c’est là un bien bel oriflamme qui vaut tous les drapeaux

 

La France a porté la poésie comme on porte ses regrets

et il vaut mieux chanter quand on a les pieds dans la merde

que se lamenter sur les malheurs du temps présent

et la trahison des puissants le drame des clercs

 

La France a gardé sa poésie en son sein comme le bien le plus précieux

mais l’a abandonné durant les années factices de la communication

du cynisme des années de la consommation où l’idéologie fut proclamée morte

et c’est en perdant sa poésie que le peuple s’est tu presque définitivement

 

La France a livré sa poésie aux plus offrants

aux caricatures de la liberté

aux sales manipulateurs qui ont ruiné une culture millénaire

encore ne fallait-il pas l’oublier

 

La France a puisé sa puissance dans la langue des poètes

langues d’oc ou d’oïl patois oubliés fondus dans le français

la langue universelle des révolutionnaires

mais surtout des hommes des vrais les hommes libres

 

 

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29 août 2010 7 29 /08 /août /2010 18:57

 

 

Un très beau rêve

 

 

Je rêve que je vis

je vis que je rêve

et je m’envole

 

Je vole par tous les temps

je survole des vies entières

je vois aussi le peuple dispersé

 

Je vois les saisons passées

l’impossible jeu des miroirs

où les jours se jouent de moi

 

Je rêve de la vie éternelle

la vie du poète

ce parchemin aux mille peaux de l’exil

 

Je rêve que je vis

je vis que je rêve

et je m’envole

 

 

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28 août 2010 6 28 /08 /août /2010 18:01

nuit de cendres

lumières d'ombres

les corps se déplacent

sur des trottoirs inconnus

inévitables habitudes

avec des coutumes royales dirait-on

ils dansent comme on marche avec la grace des voyous

les chiens reniflent leurs traces de pas

et remuent la queue

déjà conquis

ils

se promènent dans l'ombre

des humains anonymes

dansent encore

sans savoir pour qui et pour quoi

refusant les cénacles

et les clubs de bourgeois

sans trébucher sur les pavés

qui mènent au port ils s'en vont dansant

vers le gris du port

en riant avec pudeur

la nuit est verte

et l'eau avec douceur les acueille

comme de vieux amis

 

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28 août 2010 6 28 /08 /août /2010 12:24

 

L’angle de la caméra

 

 

Les images coulent

dans un débit innocent

les couleurs flamboient

toutes les lumières bouleversent les existences

les océans se meurent

et la jungle se tue à petit feu

nulle frontière pour abolir la mort

cette mort subite fournit le capital

de larmes et d’émotion

les crimes se visionnent de loin

et les coupables ont la vie facile de l’érosion

les images circulent à la vitesse de la lumière

24 images par seconde

et en une heure on a plus vu d’êtres

de yeux et de poussière

qu’en mille ans dans le périmètre d’un fief de France

voir revient à ne plus voir

les sons illustrent le mensonge

car rien n’est vrai tout est interprétation

selon l’angle de la caméra

le pouvoir même n’a plus la parole

et il n’existe plus aucune vérité sur terre

sinon celle de la consommation

la démonstration est faite

et tout le monde en crève

tout le monde en joue

plutôt que de vivre la vie réelle

la vie injuste

la vie mortelle

la vie dure

la vie ficelle

tout se joue dans le regard transmis par un outil

les dieux sont bel et bien morts

et l’avenir sera pire encore

 

c’est à ce moment précis que je m’endors devant ma télévision

 

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 23:03

 

Libéré

 

 

Oraison futile

pour ces corps mous et vils

j’ai d’étranges raisons de croire

que le monde est à bout

le monde est devenu petit

et chacun se sauve comme il peut

et prend les jambes à son cou

 

Plus jamais ivre

sans cigare ni cigarette prohibés

aucune forme d’amour

les mini jupes sont aussi condamnées

et surtout ne rien dire

ne pas parler

pour ne pas avouer ses pensées

les idées sont mortes dans le silence voilé

cette taxe de l’intelligence

il ne faut rien dire qui heurterait

il ne faut croire être libre

 

libéré malgré soi

libre par définition

libre d’autorité

libre sur ordre dans la nuit sous le jour

libre sur commande

libre de se taire surtout

 

exprimer ses réserves

taire ses faiblesses

réprimer ses folies

et faire semblant tout le temps

qu’on ne fait que passer

à travers le temps

 

 

 

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 17:52

La lutte des places

 

 

 

Il n’ y pas de place

pour la pluie et le soleil

plus de place pour l’ombre et sa fraîcheur

assidu devant la vérité de la tombe télé

couché dans l’herbe rase

à écouter le carnage des insectes

 

Il n’y a pas de place

pour le seul amour possible

tout est réservé pour l’heure

chaque mouvement est inutile

une voix ne vaut rien dans l’instant présent

 

Il faudrait du sel du froid du chaud

des épices indonésiennes et des cris des rires

surtout des fous rires

projetés par des vins impossibles

vers d’immenses territoires codés

 

Les castes sont de mise

les ordres revenus

les élites corrompues

dans la négation du pire

les cartes en ce pays ne sont guère souvent battues

 

Il n’y a plus de place

pour la joie le partage du rire

plus rien qui ne vaille

la peine d’essayer

de reconquérir les saisons impossibles

 

Plus de place pour la neige

pour la rage

pour le miel

désormais tout est fade

tout est niais

 

il n’y a plus assez de places sur la terre

 

 

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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 18:06

 

Le rescapé

 

 

Depuis le début je suis le rescapé de la vie

l’hiver froid m’a rejeté

car la terre enneigée et gelée

n’a pas voulu de moi

j’ai économisé beaucoup d’efforts au croquemort

aux ouvriers et au curé

le corps haché par les forceps

le nez le dos déchirés

j’ai gagné sur le fil le droit de venir

entier sur une scène sans décor

de revenir d’un martyr premier

dans le cœur de murs carrelés et blancs

 

Je suis le rescapé de l’enfance

celui qui attendait tout

dans le silence des regards du grenier

alors mon fief le plus cher le plus beau

où je vendais des livres aux pages arrachées déchirées

par d’autres mains contre un franc ou quelques centimes

un temps où le savoir était encore dans les livres

je faisais alors commerce de la liberté

 

Rescapé aussi des saints sacrements et des mensonges faciles

quand je me rendais malade pour ne pas aller nager

ou se laver car il faisait si froid

durant ces huit mois d’hiver jurassien

Jésus n’a pu marcher sur l’eau car je n’arrivais jamais à flotter

mis à part entre deux eaux

plus tard j’ai mieux saisi l’ampleur des théories de Marx

sur l’ineptie religieuse

aux millions de rescapés d’aujourd’hui

souvent j’assène qu’il faudrait sur terre un nouveau Lénine arabe

 

Depuis la sentence de mort prononcée à la naissance

j’ai mis pas mal de distance entre le faux et le vrai

et ai rêvé plus souvent qu’à mon tour

d’être un héros un projet pour l’humanité à moi tout seul

quand on est jeune on se laisse aller contre l’indifférence

et j’avoue ma gloire d’avoir vécu dans le vrai depuis cette connaissance

mais cela a bien duré trente ans c’est long bien trop long

pour la vie d’un seul homme

de s’être condamné dès la première adoration pour le camp de l’excellence

du martyr du mensonge

et c’est ainsi que je me retrouve l’un des rares rescapés de la révolution

plus seul moins apeuré mais vivant toujours de mes illusions

 

J’ai clamé haut et fort que rescapé

La montagne ne bouge pas

dans une langue d’extras de démesure

apprenant avec l’âge la portée des vers la partition des mesures

la magie des belles paroles et la langue noble des poètes

 

Car rescapé je fus de l’école et de ses milices arrogantes

c’était un temps où il ne faisait guère bon de venir du peuple

mais dans le même temps il fallait courber l’échine

pour réussir à partir à s’enfuir loin du corps des usines

 

Rescapé de l’armée affiché par la trahison

de mon peuple de ma classe corrompus

armé de masse du temps de la conscription

je fis le choix de ne pas vider le chargeur de mon pistolet mitrailleur

dans le ventre gras d’un capitaine désactivé

 

Rescapé un jour rescapé toujours

dans la chance magique des relations humaines

et du travail pour gagner à chaque pas le corps de sa vie

pour passer le temps et jouer aux gens importants

dans le commerce des relations et la comédie des mensonges

sans cesse prononcés contre le sens de la raison

 

Enfin rescapé de l’amour de ses détresses et des yeux crevés

devant l’évidence des désastres

seuls trois amis attentifs persévérés surveillant le corps parti

et la tête loin très loin trop loin

des frontières communes

j’ai écrit de longues détresses de pauvres poèmes nus

j’ai anticipé les faiblesses de vivre

malgré tout

de survivre au pire

de résister tout simplement

pour ne pas oublier le chemin des torts partagés

la catastrophe première

l’expérience de l’impossible

 

En 1984 je ne pus partir au Nicaragua

comédien d’opérette et soldat fragile

manier mitraillette et machette

terrassant buissons de café

pour le groupe scolaire Louis Aragon ouvert sur de nombreuses fenêtres

qui pourrait être dédié à Joël Fieux assassiné

 

En tant que rescapé de l’histoire présente

écrivant le dédale de quelques histoires oubliées

l’écrire le dire et le lire

c’est à la fois le vivre et le faire vivre

le faire comprendre

pour ne jamais oublier

et restaurer la permanente humeur des mondes libérés

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